“When was the last truly nasty, nasty bad pop girl?“ Alors que son personnage dans la série The Idol se demandait à quand remontait la dernière pop star sauvage et sulfureuse, le chanteur australien Troye Sivan a décidé d’y répondre par lui-même, en devenant cette pop star sauvage et sulfureuse. Et, waouh, comme ça fait du bien.
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Ce n’est pas vraiment que la pop se porte mal, l’année 2023 nous a tout de même offert de jolies claques à l’instar de l’emo adolescente d’Olivia Rodrigo, de l’ascension de Raye, des expérimentations de Caroline Polachek ou encore des hymnes au célibat de Miley Cyrus. Mais l’arrivée de Something to Give Each Other, le troisième album de Troye Sivan (son premier long format en cinq ans) souffle comme un vent de fraîcheur sur l’actualité musicale, et confirme une chose : la pop n’a jamais été aussi sexy.
Son single Rush partagé l’été dernier annonçait déjà la couleur, et le reste de l’album le confirme : ce disque est rempli de fun. Au fil des sonorités dansantes et des paroles frivoles se racontent les rencontres échauffées, les bisous volés dans un coin des toilettes, la sueur de deux corps qui se découvrent l’un l’autre. Difficile de résister au groove de “What’s The Time Where You Are?”, à l’alchimie hispano-anglophone de “In My Room” en tandem avec l’artiste Guitarricadelafuente ou encore à l’effervescence du saxophone de “How To Stay With You” qui clôture l’album de la plus belle des manières. Mais qui a glissé une pilule de royauté pop dans le bol de céréales de Troye Sivan ?
La quintessence du sexy
Si un morceau tire clairement son épingle du jeu, c’est forcément “One Of Your Girls”. Le titre, brûlant de sensualité et habillé de délicieux refrains robotisés, dépeint les lamentations libidineuses de Troye Sivan pour cet éphèbe aussi irrésistible que complètement hétéro, à qui il propose de devenir ”l’une de [ses] meufs”. Les gays, vous-mêmes vous savez. Mention spéciale pour le clip déjà culte du morceau dans lequel Troye devient notre nouvelle pop queen préférée au sens propre comme figuré, se glissant dans la peau d’une drag-queen aguicheuse qui crève l’écran, façon Britney Spears. Un énorme slay.
Sans pour autant se faire porte-étendard d’une cause trop grande pour ses épaules, Troye Sivan continue de représenter ses couleurs en musique en offrant à l’imaginaire gay des sonorités et des images vives et léchées, comme il le faisait déjà sur sa chaîne YouTube à succès pendant son adolescence, ou encore sur son premier disque Blue Neighbourhood en 2015.
Pour Something to Give Each Other, il s’affirme pleinement et sans concession, tant dans ses paroles que dans ses clips, naturellement enrobés de fantaisie queer. Le visuel du morceau “Got Me Started” (qui interpole l’iconique “Shooting Stars” de Bag Raiders) reproduit même une des scènes du plus beau film queer de l’Histoire, à savoir Happy Together de Wong Kar-Wai. Et notre cœur est plein.
L’album n’est pas forcément un sans-faute, on souffle un peu sur la facilité club prémâchée et générique de “Honey”, tandis que “Silly” nous glisse un peu de l’oreille à la première écoute. Mais l’Australien a le mérite de se réinventer dans l’ère du temps, avec des titres taillés autant pour les feeds TikTok que les dancefloors, en prenant tout de même le soin d’offrir à ses fans une bribe de nostalgie avec le genre de ballades sentimentales qui ont fait son succès, placées en cœur d’album avec les touchants “Still Got It” et “Can’t Go Back, Baby”.
Il lui aura peut-être fallu plusieurs années d’essais-erreurs pour confirmer sa légitimité au panthéon de la pop, mais la nouvelle coqueluche du paysage musical offre avec ce nouveau disque la preuve irréfutable que les codes du genre n’ont plus vraiment de secret pour lui. Troye Sivan n’est pas seulement devenu notre nouveau prince du sexy, mais aussi notre nouvelle princesse de la pop.
