Entretien avec Vincent Voisinot, capitaine de l’équipe de France de tennis-ballon

Entretien avec Vincent Voisinot, capitaine de l’équipe de France de tennis-ballon

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Par Greg Godefroy

Publié le

Un ballon, un terrain de tennis : on s’est tous déjà retrouvés dans cette configuration avec des potes, et forcément la chose à faire dans ce cas là c’est un tennis-ballon. D’un petit jeu entre potes, ou au mieux un exercice d’entraînement, certains en ont fait un véritable sport.
Implanté en France dans les années 1950, le futnet (son nom officiel) joue son mondial à partir de ce week-end dans la ville de Brno, en République tchèque, la Mecque de ce sport. Rencontre avec Vincent Voisinot, triple champion de France en simple et capitaine d’une équipe de France de Futnet qui ne compte pas faire de la figuration.
Football Stories | Un petit mot déjà sur le tennis-ballon : depuis quand cette discipline s’est structurée et est devenue un vrai sport ?
Vincent Voisinot | C’est Albert Batteux, l’ancien coach du Stade de Reims dans les années 1950 qui a importé cet exercice en France, pour faire travailler son équipe durant l’hiver, afin que les joueurs puissent garder leur technique tout en conservant un aspect ludique. Au fil des années, ça s’est vraiment implanté dans le football comme exercice d’entraînement, et puis dans les années 1990 un groupe de personnes a décidé d’en faire un vrai sport. Ils ont découvert qu’il y avait de réelles compétitions avec des championnats du monde qui existaient, surtout dans les pays de l’Est. Donc ça a vraiment commencé à se structurer dans les années 1990 et surtout dans les années 2000 où une fédération s’est créée [la FFDA] .

Quelles sont les règles précises ? Pourquoi “futnet” ?
À l’international il y a le simple, le double et le triple. On a le droit à un seul rebond au sol. En double et triple c’est comme du volley : tu as le droit à 3 touches de balle mais pas de jongler. Par exemple, il y a le service sur moi, je la donne à un partenaire et soit il attaque directement, soit il fait la passe – le but étant de s’approcher au mieux du filet. Ça se rapproche vraiment du volley ou du beach volley. En simple, on a le droit à 2 touches : une pour s’approcher au mieux du filet et derrière attaquer. Le simple et double se déroulent sur les carrés de service du tennis, et en triple c’est les dimensions d’un terrain de volley.
Pour le nom, “futnet” est le nom à l’international, avec “net” pour le filet de tennis. C’était la correspondance la plus logique et imagée pour les gens. En France, on a gardé l’appellation pour susciter le questionnement, pour que les gens s’y intéressent.

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“J’ai créé mon club à Emerainville, on était trois. Aujourd’hui on est 27”

Avec un sacré parcours depuis, et notamment triple champion de France en titre !
C’est vrai que j’ai eu la chance de toujours être dans des clubs hyper forts. Le premier c’était à Villiers-sur-Marne (Seine-et-Marne), où il y avait une compétitivité énorme avec 6 joueurs dont 4 en équipe de France. Je jouais toute les semaines avec eux, donc du coup j’ai évidemment progressé. Mais arrivé à un moment, je ne progressais plus. Ils étaient tellement bons, qu’ils trustaient les premières places et pas moi. Alors, j’ai quitté le club pour créer le mien à Emerainville. Je suis reparti du début : on était trois, aujourd’hui on est 27 – avec 18 jeunes de 8 à 13 ans et des adultes présents dans toutes les divisions, donc c’est plutôt une belle évolution.
Et tout ça, c’est compatible avec ton métier d’instituteur ?
C’est compatible, mais ça demande beaucoup de sacrifices. On est peu encadrés, on n’a personne qui suit vraiment nos performances ou nos entraînements : on se les inflige soi-même ou pas. Je suis plutôt un bosseur, ce qui fait que je cours en dehors, mes entraînements sont structurés. J’ai toujours été comme ça, mon métier m’aide à me mettre des objectifs, et à savoir comment les atteindre. Je fais la classe, mais dans mon sport ! J’ai une classe de CP, donc ils sont encore petits. Je leur ai expliqué pourquoi je partais pour le mondial, et j’ai eu des bons retours. Les parents ont été surpris, mais j’ai toujours le droit à un mot gentil, un encouragement. J’ai reçu pas mal de dessins, de mots, donc ça touche et ça fait vraiment plaisir.
Ce week-end débute le mondial : quelles sont les chances et les objectifs du groupe France ?
L’objectif est toujours un peu le même, on a la possibilité de prendre une médaille et c’est ce qu’on fixe. Après, il y a deux mastodontes qui sont la République tchèque et la Slovaquie. Derrière, il y a vraiment cinq pays qui se tiennent à pas grand-chose, avec une petite longueur d’avance pour la Roumanie. Mais il y a aussi la Corée du Sud, la Hongrie, la Suisse et la France. C’est très ouvert, à chaque fois on ne passe pas très loin. En 2008, Jimmy Libert est devenu vice-champion du monde en simple, mais en double et en triple on n’a jamais réussi à gagner de médaille.

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