Aux États-Unis, de jeunes footballeurs étrangers subissent quotidiennement des menaces racistes et parfois anonymes

Aux États-Unis, de jeunes footballeurs étrangers subissent quotidiennement des menaces racistes et parfois anonymes

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Par Julien Choquet

Publié le

Sur son site internet, le Guardian a publié un long papier dans lequel il décrit le racisme subi par les jeunes étrangers aujourd’hui aux États-Unis, sur les terrains, mais également en dehors. 
“C’est à cause des libéraux comme vous que notre État est rempli de négros. Notre terrain est devenu sale depuis qu’ils ont mis les pieds dessus : faites attention à ne pas énerver les mauvais parents.” Ces mots, Jeromy Tarkon, l’entraîneur d’une jeune équipe de l’État de l’Idaho appelée Juniors FC, les a retrouvés écrits sur un bout de papier laissé sur son pare-brise. Bien entendu, sans signature. 
Révolté, il a d’abord hésité à en parler avant de publier un long témoignage sur sa page Facebook, rendue publique pour l’occasion. Le but : montrer et prévenir du danger du racisme anonyme dans le football, notamment chez les plus jeunes, cette lettre s’adressant notamment à “un jeune noir de son équipe de 8 ans.”

Et ce n’est pas la première fois que ce militaire vétéran originaire de Californie entend des propos plus que déplacés envers son équipe. Les “négros” fusent, tout comme des petites piques racistes allant de “et voilà les futurs taulards” au “faites attention à votre portefeuille”, atteste-t-il dans une interview accordée au GuardianEt s’il n’a pas souhaité communiquer sur ces insultes par le passé, jugeant que ses joueurs répondraient “sur le terrain” c’en est désormais trop. Pourquoi une telle accumulation dernièrement ? Jeromy Tarkon a sa petite idée sur le sujet : 

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“Peut-être que certains sont jaloux que nous réussissions en étant un club totalement gratuit, géré par un staff uniquement composé de migrants. Ou alors il s’agit du climat politique de notre état, l’Idaho, et plus généralement aux États-Unis.” 

Un constat confirmé par le Docteur Richard Lapchick, de l’Institut pour la diversité dans le sport, qui note que les incidents racistes ont quadruplé dans le sport aux États-Unis entre 2015 et aujourd’hui. Et cela se ressent de plus en plus du côté du Juniors FC. Il y a deux ans, la mère érythréenne d’un joueur du club a vu sa voiture vandalisée et son restaurant brûlé lors d’un incendie volontaire. 
Et ce n’est pas un cas isolé. Le Guardian révèle d’autres histoires un peu partout aux USA, de la Californie au New Jersey en passant par le Michigan ou la Louisiane, dans lesquelles de jeunes latinos sont la cible d’insultes de parents ou de coachs adverses. “Parle anglais” ou “retourne dans ton pays” sont les petites phrases les plus fréquentes, pour ne citer qu’elles. 


Alors pourquoi ces faits ne sont-ils pas punis par la loi ? Le Président de l’IYSA (Idaho Youth Soccer Association), l’institution capable de punir les faits racistes sur les terrains, a admis qu’il “pourrait faire beaucoup plus” mais cela ne dépend pas uniquement d’eux. En effet, très peu de rapports officiels arrivent sur leurs bureaux et la plupart sont contradictoires (une équipe dénonce quelque chose et l’autre fait l’inverse). 
Pour lutter contre cela, l’IYSA veut mettre en place une campagne nationale anti-racisme au niveau du football chez les jeunes, et encourage ces derniers à faire remonter le plus possible chaque incident. Des mots entendus par les membres du Juniors FC, qui utilisent désormais les réseaux sociaux pour faire parler de ces problèmes de racisme, jusqu’à toucher des joueurs professionnels
Un petit pas vers l’avant, même s’il reste encore beaucoup de travail pour éradiquer ce phénomène trop peu mis en avant médiatiquement.