De vendeur de pizzas à titulaire au mondial : la trajectoire incroyable du gardien iranien, Alireza Beiranvand

De vendeur de pizzas à titulaire au mondial : la trajectoire incroyable du gardien iranien, Alireza Beiranvand

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Iran’s goalkeeper Alireza Beiranvand (L) stops the ball as he vies with Iran’s goalkeeper Rashid Mazaheri during a training session of the Iranian national football team at the Saint Petersburg Stadium, on June 14, 2018, in Saint Peterburg on the eve of the Russia 2018 World Cup football between Iran and Morocco. / AFP PHOTO / CHRISTOPHE SIMON

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Par Julien Choquet

Publié le

Encore une histoire formidable. 
Il y a quelques jours, nous vous contions la belle trajectoire de Hannes Halldórsson, le gardien islandais devenu héros malgré lui après avoir arrêté le pénalty de Messi. Ce jeudi, une nouvelle histoire nous a particulièrement émus, racontée par le Guardian : celle de Alireza Beiranvand, le portier iranien. 
Né à Sarabias d’une famille nomade, Alireza a passé sa jeunesse à traverser le pays à la recherche de prairies pour les moutons de la famille, dont il s’est occupé depuis son plus jeune âge. Berger à plein temps, il passait néanmoins son rare temps libre à jouer au foot et à un jeu qui s’appelle Dal Paran, consistant simplement à lancer des pierres le plus loin possible. 
C’est seulement à l’âge de 12 ans qu’il s’installe avec sa famille dans sa ville de naissance, à Sarabias, et qu’il rejoint le club de foot de la ville. C’est là qu’il s’épanouit en tant que gardien, et décide d’en faire son métier avant d’essuyer le refus de son père, à son plus grand regret : 

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“Mon père n’aimait pas le foot du tout. Il a refusé que je continue et il m’a demandé de travailler. Il m’a même pris mes maillots et mes gants, et je me retrouvais à jouer en cachette, les mains nues.” 


Il décide donc de quitter le cocon familial et de fuir vers Téhéran, à la recherche d’un plus grand club. Dans le bus qui se rend vers la capitale iranienne, il rencontre Hossein Feiz, un coach local qui lui offre la possibilité de s’entraîner avec son équipe contre l’équivalent de 35€. Malheureusement, le jeune gardien, qui n’a même pas d’endroit où dormir, est contraint de refuser, n’ayant pas un sou en poche : 

“Je dormais devant les portes de son club de foot tous les soirs. Un matin, j’ai remarqué qu’il y avait des pièces à mes pieds, que des gens m’avaient lancées pendant la nuit. Grâce à ça, j’ai pu manger un bon petit déjeuner, ce qui ne m’était pas arrivé depuis longtemps.” 

Finalement, l’entraîneur accepte de lui donner une opportunité de s’entraîner sans qu’il ait besoin de payer. Il lui offre aussi un lieu où dormir pendant deux semaines, et l’aide à trouver un travail dans une usine de vêtements, tenue par le père d’un coéquipier. Il devient ensuite laveur de voiture. 
La suite n’est qu’une succession de petit boulots pour Alireza Beiranvand, afin de pouvoir se payer une chambre où dormir. D’abord serveur dans une pizzeria alors qu’il avait trouvé un nouveau club, celui de Naft-e-Tehran, il démissionne, de honte, après que son coach l’a vu alors qu’il venait lui-même chercher une pizza. Devenu balayeur de rue, il intègre un nouveau club à l’essai, celui d’Homa… mais le coach refuse finalement de lui signer un contrat. Il pense alors que son rêve s’effondre, mais voit une nouvelle opportunité s’ouvrir à lui quand l’entraîneur des U23 de Naft-e-Tehran lui propose de revenir au club. 
Et c’est là que tout s’enchaîne pour lui. Il est sélectionné chez les U23 nationaux et devient le gardien titulaire de Naft. Il est notamment repéré grâce à sa faculté à relancer le ballon très loin à la main… qu’il a développé en étant jeune en jouant au fameux jeu de Dal Paran. Il réalise notamment une passe décisive de plus de 70 mètres, qui lui permet d’attirer l’attention des médias. 

En 2015, il devient titulaire en sélection iranienne et enchaîne les bonnes performances. La preuve lors des qualifications pour le mondial, pendant lesquelles il enchaîne 12 matches sans encaisser de but. Une trajectoire irréelle, qui lui a permis de devenir ce qu’il est aujourd’hui : 

“J’ai connu beaucoup de difficultés pour arriver là où je suis, mais je n’ai pas l’intention de les oublier. Elles m’ont permis de devenir la personne que je suis aujourd’hui.” 

Ne lui reste plus qu’à briller face au Portugal lors du troisième match de poules, afin de permettre à son pays de réaliser un exploit : se qualifier pour un huitième de finale historique.